Revivez avec moi l’incroyable voyage initiatique de Tim Member, de la Combe de Lancey aux catacombes de Rahat Loukoum, de l’empirisme antique jusqu’à la pensée complexe d’Edgar Morin, à la recherche de ce bel être agile qui patiente en chacun de nous.

Vidéo de la conférence

(filmée par Olivier Szarzenski et Pierrick Boyer à Agile Grenoble le 24 novembre 2017)

Les slides

Script complet

Scène 0 : introduction et générique

Maman, si un jour tu entends parler de tout ça ; je suis désolé. Vous avez raison d’être ici.

Générique : « LA méthode agile »

Scène 1 : jeunesse et illusions

[Photo de Franck bébé] C’est moi ça. Enfin plutôt lui, Tim Member. Oui, Tim, moi, il va falloir vous y habituer. On est un peu schizophrènes avec Tim, tous les trois.
[Grésivaudan] Je suis né à la Combe de Lancey…
[Carte US] … dans le Colorado. Les Américains qui manquent d’imagination aiment reprendre le nom des grandes métropoles françaises.
[Carte US avec villes dauphinoises]
[Mes idoles] Dès mon plus jeune âge, je fais de l’informatique une passion. Par chance nous possédons un ordinateur personnel dans le salon familial, sur lequel je m’initie aux arcanes de la programmatique.
[Les deux jeunes éphèbes devant leur télé]
[Scène d’entreprise moderne] Je me suis forgé une image du travail comme un lieu épanouissant et vivant, où les collègues fraternisent et s’entraident sur des tâches passionnantes, puis se retrouvent chaque midi pour partager un céleri rémoulade dans la convivialité du restaurant d’entreprise.
[Restauratec]
[Chouette société informatique] Aussi lorsque je rejoins la prestigieuse société Infobloc, comme analyste en progiciels télématiques, j’ai tout de suite l’impression d’accomplir mon rêve, de pénétrer dans le Saint des saints de la haute technologie. Et du reste, il faut reconnaître que je suis bien accueilli. Le protocole d’intégration des nouveaux collaborateurs est une mécanique bien rodée.
[Informaticien velu de la bouche]
[Toutes les conditions] À ce stade de l’histoire, toutes les conditions sont réunies pour je mène une existence merveilleuse.

Scène 2 : cruel retour à la Réalité

[Cruel retour à la réalité] Malheureusement, l’état de grâce s’estompe rapidement.
[Space invaders] Je découvre vite que le monde de l’entreprise ressemble plutôt à ça.
[Un monde effroyable] Ça c’est un monde d’une dureté nonpareille dans lequel l’individualisme prime, dans lequel l’absence de management engendre une pression inhumaine. Un concasseur de vie dont les mâchoires d’acier me broient inexorablement, à coup de petites phrases cinglantes.
[Qu’est-ce que c’est que ce code ?]
[La chute de Tim] Alors arrive ce qui doit : tout d’abord un désenchantement à la mesure des espoirs que j’ai nourris, puis une souffrance quotidienne, de plus en plus forte, jusqu’à la rupture, brutale, nette, psychologique d’abord, puis contractuelle, fatalement.
[Tim Matrix]
[Vous êtes viré] Comment mon rêve a-t-il si brutalement viré au cauchemar ? Je suis anéanti. Est-ce vraiment cela le fameux « Monde du Travail » ? J’ai beaucoup de questions, mais aucune réponse. Je commence à boire, à traîner dans les bars, emmitouflé dans mon cafard. Jusque à ce soir d’ivresse où je fais une bien étrange rencontre.
[Claude François]

Bonsoir Tim, tu sais je m’y connais. Je sais repérer quelqu’un qui ne va pas bien.
Tu as raison, je suis au bout du rouleau. Le monde du travail est si triste.
Si tu veux être heureux, tu dois prendre ta vie en mains, et te changer toi-même, et changer le monde pour le rendre meilleur.
T’en as de bonne, c’est facile à dire ça, mais comment faire ? Je ne sais pas moi.
Tu dois devenir agile Tim ! Cherche l’agiliste au cœur de toi-même. Et maintenant, tu vas chanter avec moi Tim, pour me faire plaisir, allez !
Regarde ta montre, il est déjà huit heures
C’est bientôt l’heure du stand-up
Un taxi t’emporte
Tu files au bureau
Pour mettre à jour le tableau
C’est une journée idéale
Pour lancer quelques test-u
On trouverait plus normal
De mater un film
De Jean-Pierre Jeunet
Le lundi au soleil, c’est une chose qu’on n’aura jamais
Chaque fois c’est pareil, c’est quand on est derrière les carreaux…

[Tim a traversé] Je me sens requinqué, que dis-je, électrisé… par cet échange. Grâce à Claude, je sais qu’un monde meilleur est possible et que je peux jouer un rôle pour le bâtir. Par-dessus tout, j’ai à présent une quête : je vais devenir Agile.

Scène 3 : En route pour la philosophie

[Tu dois devenir Agile] Les mots de Clahude repassent en boucle dans mon esprit : « Tu dois te changer toi-même, et changer le monde pour le rendre meilleur ». Pourquoi dans cet ordre, comme si en opérant sur moi j’allais agir sur le monde. Je ne sais pas pour vous, mais pour ce qui me concerne, ceci a tout l’air d’une coquette énigme. Cependant je suis convaincu que le chanteur a laissé des indices pour me guider.
[L’indice de Claude] Par exemple ces anciennes arcades en second plan. On dirait les ruines d’une civilisation disparue. Est-ce une invitation à fouiller du côté de l’Antiquité ? Je les ai cherchées… et retrouvées.
[Delphes] C’est le temple d’Apollon à Delphes, au fronton duquel était buriné le précepte « Gnothi seauton », « Connais-toi toi-même ». Tout s’éclaire à présent, c’est du côté de la philosophie que débute ma quête de l’agilité.
[Connais-toi toi-même] Tout artisan doit commencer par maîtriser ses outils. Pour le philosophe, l’outil, c’est lui-même, sa pensée. S’interroger soi-même pour affûter son esprit est une bonne façon d’aborder tout problème. La connaissance, nous dit Socrate, est immanente ; la richesse est en chaque être humain. Tout le monde sait dès lors qu’il se donne la peine de plonger en lui, avec humilité.
[Une exigence morale] En fait, pour être franc, la pratique de l’introspection est même un devoir. La science aujourd’hui est malade ; elle est victime de son hyperspécialisation et de l’obscurantisme – le mot est fort, mais je veux vous choquer – qui en découle. Contrairement à l’époque de Pythagore ou celle de Pascal, le physicien nucléaire ne pratique plus désormais la philosophie ; le programmeur d’intelligence artificielle ne parle plus avec le sociologue. La pensée scientifique n’a plus les moyens de se penser elle-même. Construire une conscience de l’agilité est donc notre exigence morale.
[Un long cheminement] Mais n’allez pas croire qu’il suffise d’un claquement de doigts. Le travail philosophique requiert du temps et de l’assiduité. La maîtrise se fait jour au fil d’un long parcours jalonné de dépouillement, de doutes, de transformation permanente, jusqu’à devenir in-time avec soi. À ce prix seulement la rencontre avec l’autre peut avoir lieu et devenir féconde.
[Tim est devenu] J’ai compris que pour être un bon informaticien il faut être un peu philosophe. Fort de ces premiers progrès, et suivant le plan tracé par Claude, je vais maintenant rassembler une équipe d’agilistes pour apprendre leurs secrets. J’ai sillonné l’Empire romain pour en trouver, des cimes Apennines jusqu’aux tréfonds, le fond des fonds, les catacombes.
[2 heures moins le quart avant Jésus-Christ]

Bonsoir mes petits chats, soyez prudents.
Heu bonsoir je cherche des agilistes qui se réunissent mais c’est un peu secret quoi.
Bonsoir
Salut
Ils sont tous agilistes ?
Pardon ?
C’est tous des agilistes ?
J’ai pas compris.
Ils en sont tous ?
Évidemment
Ah bon ! Et toi aussi t’es agile ?
T’en es aussi ?
Bah oui, ça se voit pas ?
Bah non…
On va aller là-bas, on n’entend rien, hein ? Tu veux ?

Scène 4 : L’empirisme contre-attaque

[Homo Agilis] Cette première rencontre avec des agilistes a été prolifique : je peux vous dire que ce sont des actifs ! Hé bien oui agilité dérive du latin « agere » qui veut dire faire, agir. L’agilité est donc une exhortation à l’action, immédiate, concrète. Rappelez-vous l’enseignement du « Marshmallow Challenge » : faire, manipuler, tout de suite.
[Pragmatisme] En grec, l’idée de l’action c’est la Praxis, mais l’action accomplie, le fait qui en résulte, c’est la Pragma. L’agiliste est un pragmatique, qui se nourrit de la pratique et qui se place d’emblée dans la réalité.
[Empirisme] Précisément, fonder sa connaissance sur l’observation du réel s’appelle l’empirisme. La démarche agile est empirique en cela qu’elle prône la confrontation factuelle aux problèmes, le « rendre visible », le rapprochement analogique pour résoudre des situations, « ce qui se ressemble doit pouvoir se régler pareillement », le refus de s’enfermer dans tout a priori dogmatique pour apprendre par la seule pratique. C’est en forgeant qu’on devient fort gentil.
[Tim a découvert] Grâce à mes collègues des catacombes, j’ai appris l’importance de l’action, du rapport pragmatique au réel. J’ai découvert la première source de l’agilité : l’empirisme.

Scène 5 : Le plein de cyber

[Plein de cyber] Nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin. Acquérir de l’expérience au fil du temps, en apprenant du résultat de ses actions ; vous n’allez pas me croire, mais il y a une science juste pour cela : la cybernétique.
[Norbert Wiener] C’est le mathématicien Norbert Wiener qui pose les premiers jalons en 1948 dans son ouvrage Cybernetics, or Control and Communication in the Animal and the Machine. Vous le sentez l’accent de la Combe de Lancey ?
[Cybernétique] Alors pour simplifier au maximum, la cybernétique, c’est la science du contrôle en général, et des systèmes en particulier. Le mot vient du grec kubernáô qui signifie piloter un bateau, et par extension gouverner (celui qui tient le gouvernail).
[Schéma de Wiener] L’intuition géniale de Wiener c’est de tracer une boucle de rétroaction qui relie la sortie d’un système à son entrée, créant ainsi une véritable communication dans les deux sens. En fonction de l’effet observé en sortie, on peut remonter une information aux facteurs d’entrée, et ainsi apporter une action corrective : la régulation.
[Rétroaction] Cette action corrective peut accentuer l’effet, on parle alors de régulation positive ou en tendance, ou bien au contraire chercher à l’atténuer, auquel cas on parle de régulation négative ou en constance. C’est simple non ? Encore faut-il s’entendre sur ce qu’est un système.
[Système moi non plus] Selon Karl Ludwig von Bertalanffy, biologiste autrichien et fondateur de la théorie systémique, tout. Tout est système ; il y a des systèmes partout. Plus précisément, il y a système dès lors que plusieurs éléments sont en interaction dynamique.
[Système corps] Un très bon exemple de système est le corps humain. La capacité incroyable de notre organisme à maintenir son équilibre physiologique, malgré toutes les agressions extérieures, se modélise très bien à l’aide des rétroactions cybernétiques. C’est ce que l’on appelle l’homéostasie.
[Système équipe] De la même façon, une équipe agile constitue un système. Il est intéressant de noter que cette notion de « système » n’est ni vraiment réelle, ni totalement conceptuelle. On est face à une entité fantôme, englobante, comme la particule élémentaire à la fois onde et corpuscule. En fait nous devrions considérer une structure de systèmes imbriqués : le système équipe est constitutif du système organisation, qui est à son tour partie intégrante du système société, etc. Puisque l’équipe est un système, on peut lui appliquer le principe cybernétique de rétroaction.
[Rétroactions agiles] Vous connaissez sûrement ce schéma qui explicite les différentes boucles de rétroactions dans la méthode Extreme Programming. Ce sont des exemples de rétroactions cybernétiques appliquées au système équipe.
[Rétroaction / Mémoire] Est souvent associé à la boucle de rétroaction un organe de mémoire qui s’enrichit au fil du temps en conservant l’historique de fonctionnement du Système. En confrontant l’information de la rétroaction à cette mémoire, on active la fonction « apprentissage », qui permet au système de ne pas reproduire deux fois les mêmes erreurs.
[Itérer pour réussir] En cybernétique, l’échec est donc le carburant indispensable de l’apprentissage en cela qu’il alimente la mémoire du Système. En agilité, plus une équipe se trompe, et plus elle a de chances d’atteindre son objectif.
[Progrès continu] La dynamique itérative de l’apprentissage est modélisée dans le Cycle de Shewhart : Planifier, Développer, Contrôler, Ajuster. On trouve aussi « Roue de Deming » même si Edwards Deming a toujours récusé cette dénomination.
[Rétroaction et mémoire] La combinaison de boucles de rétroaction et d’une mémoire associée au système-équipe permet l’amélioration continue, le Kaizen. La paternité entre la cybernétique et l’agilité est donc manifeste. Ha tiens, manifeste, puisqu’on en parle ; nous avons l’empirisme d’une part et la cybernétique de l’autre. Nous disposons de toutes les pièces pour signer le nôtre, de manifeste.
[Le manifeste des bronzés]
[Dr Alistair Cockburn] J’en profite pour rendre hommage à l’inénarrable et du reste adorable Dr Alistair Cockburn, qui est venu sur plusieurs conférences présenter brillamment et en français ce qu’il appelle « The Heart of Agile ». Si vous ne l’avez pas déjà vue, je vous conseille vivement de regarder la vidéo tournée à Rennes.

Scène 6 : La fée complexité

[La fée complexité] Vous pensiez vraiment que c’était aussi simple ? Qu’en posant l’équipe comme un système cybernétique vous pourriez comprendre toute l’agilité ? Allons, tssss. Accrochez-vous, mes petits philosophes, il reste encore une porte à ouvrir.
[Dures limites] Quand on essaye de théoriser le fonctionnement d’une équipe, ou même de tout groupe humain en général, à l’aide des outils biologiques, mathématiques, physiques – ou même de n’importe quelle discipline en -ique à disposition – on se heurte tôt ou tard aux limites des schémas de pensée classiques.

  • Premièrement, la tentation simplificatrice qui cherche à réduire chaque problème à un seul élément-cause, isolé du tout, est une grave erreur. « Dans l’équipe, le problème, c’est Tim ! »
  • Deuxièmement les facteurs manipulés ne se résolvent pas à un simple état binaire, ou manichéen, bon ou mauvais ; ils sont les deux à la fois, selon le point de vue et les circonstances. « Les frameworks c’est commode, mais c’est lourd » ou encore « l’IA, c’est génial, mais flippant. »
  • Troisièmement, l’observateur est lui-même partie-prenante du système avec qui il interagit. C’est le paradigme de la boîte de Schrodinger.

[File Entropie !] Pire encore. Je vous rappelle la 2ᵉ loi de la thermodynamique : l’entropie, le désordre, le chaos, d’un système isolé augmente inexorablement dans le temps, puisqu’il n’existe pas d’échange thermique avec le milieu extérieur. En vertu de ce principe, si l’équipe agile est un système isolé, elle est condamnée à exploser rapidement. Boum !
[Complexité missa est] La vérité est donc bien plus Complexe. Du latin, complexus, ce qui est tissé ensemble. Face à cette complexité du réel – rappelez-vous, la Pragma – nous devons faire le deuil de le comprendre, pour entrer dans une logique de négociation avec lui. Il n’y a pas de fil apparent sur lequel tirer pour démêler la pelote. C’est le paradoxe du Un-Multiple, distinct mais inséparable.
[Compl-excité] Le mathématicien John Von Neumann définit la complexité comme un phénomène d’incertitude, quantitatif, induit par le très grand nombre d’éléments et d’interactions au sein d’un système richement organisé.
[Pensée complexe] Puisque la science devient complexe, la pensée doit se transformer pour devenir également. Le sociologue Edgar Morin pose en 1982 les bases de ce qu’il appelle la Pensée Complexe, destinée à répondre à la question suivante : « Comment aborder la complexité de façon non simplifiante ? ». Pour cela, il développe 3 grands principes structurant la pensée complexe.
[Principe dialogique] Le principe dialogique nous invite à accepter la dualité omniprésente, la contradiction féconde, la complémentarité des antagonismes. Ordre et désordre n’existent pas l’un sans l’autre et sont indissociables. La Complexité ouvre ainsi l’idée d’un chaos organisateur, un mélange hybride et inextricable à la fois que Morin appelle « Chaosmos ».
[Principe récursif] Le principe récursif pose un lien de cause à effet non plus linéaire, à sens unique, mais réciproque et cyclique. Nous sommes tous à la fois des produits et des producteurs, des causes et des effets, des clients et des fournisseurs. Ce que nous transformons nous transforme en retour (moi, vous, l’équipe, l’entreprise, l’agilité même) ; à bien avoir en tête avant de démarrer toute transformation agile. Ce que nous libérons nous revient comme un boomerang.
[L’hologramme] Enfin le principe hologrammatique que j’avais déjà un peu détaillé dans la créature agile du Dr. Frankenstein. Non seulement la partie est dans le tout mais le tout est dans la partie. Le tout s’enrichit des parties qui s’enrichissent du tout. Le tout est finalement plus que la somme de ses parties.
[Embrasser le] Ainsi, appréhender toute la complexité du fonctionnement d’une équipe agile de façon non simplifiante implique de s’ouvrir, bien au-delà de la cybernétique, à la pensée Complexe.
En conclusion… Vous le saurez après une page de réclame.
[Les espadrilles, la chaussure agile !]

Scène 7 : Conclusion

[Conclusion] Que conclure de tout cela donc ?
[Le Système équipe II] Selon la réciproque de la 2ᵉ loi de la thermodynamique, l’équipe est un système ouvert, qui d’une part préserve sa cohérence intérieure grâce à un mécanisme d’homéostasie, donc de résistance forte au changement, et d’autre part assure sa survivance et sa continuité en recevant un flux nourricier constant de son environnement (typiquement l’entreprise). Par flux nourricier constant j’entends des moyens matériels, intellectuels, de la formation, mais aussi un cadre réglementaire, des valeurs, des objectifs, etc.
[Eco-Système] C’est un mécanisme de déséquilibre compensé. L’équipe ne peut être comprise sans inclure son environnement. On peut parler d’un Meta-Système ou même d’un Eco-Système, du grec ancien oikos, « maison », ce qui n’est pas sans rappeler la « House of Lean » pour ceux qui connaissent.
[Eco-Organisation] Mais l’équipe dépasse le champ de la Cybernétique. Elle est bien plus qu’une simple machine autorégulée : elle est vivante. Elle a donc la capacité d’agir en retour sur son environnement, ce qui lui confère un rôle éco-organisateur. Elle contribue, par mimétisme, à diffuser les bonnes pratiques dans l’entreprise et faciliter l’adoption globale de l’agilité.
[Auto-Organisation] Enfin comme l’équipe est intrinsèquement agile, elle est auto-organisée pour produire une forme de contre-entropie, le fameux chaos organisateur. C’est flagrant par exemple dans les jeux de type « Système Complexe » lorsque vous demandez au groupe de se réorganiser de façon autonome selon des critères plus ou moins précis. Je sais, c’est compliqué cette histoire de contre-entropie. Comment vous l’exprimer en des termes que vous compreniez ? Le Scrum Master, c’est un peu le Laurent Voulzy de l’équipe.
[Bubble Star]
[Devenir flou] Au final, la pensée complexe réhabilite un flou permanent et assumé. L’équipe ne se dirige pas ; elle se facilite, en temps réel, en faisant de son entropie le kérozène de sa réussite, en manipulant des grandeurs non quantifiables comme la créativité, la liberté. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si le flux de valeur produite se mesure en points de complexité.
[Guy Marchand]

Qu’allons-nous pouvoir livrer à la fin ce sprint ?
Quel incrément de valeur notre client peut-il espérer ?
Il n’y a qu’un seul moyen de le savoir, et ce moyen c’est

D’estimer, vous allez tour à tour estimer
Les stories que je vous ai données
Je n’ai pas à demander pourquoi. C’est un choix.

D’estimer, inutile de chercher à compter
Tout est en points de complexité
Vous avez le droit de vous tromper. C’est pas gravé.

L’avenir, malgré nous doit toujours devenir
Tous nos désirs d’un code réalisé, optimisé et releasé
Dans un sprint, aucun jour n’est pareil tu t’ennuies
Tu attends la démo impatiemment, éperdument, passionnément.

Scène 8 : Avant de partir

[Le travail tue] Vous riez. Vous trouvez ça drôle ? C’est chose sérieuse que le travail. La preuve, c’est même mortel. Hé oui, le travail tue ! C’est ce que les Japonais appellent le Karōshi, littéralement la mort par sur-travail, pour désigner les décès d’employés par arrêt cardiaque suite à une charge de travail ou un stress trop important. C’est un phénomène sous-évalué, parce que largement sous-étudié, qui pourrait expliquer des dizaines de milliers d’accidents chaque année. Bien travailler, c’est une question de vie ou de mort.
[Une cybern-éthique ?] C’est pourquoi je vous propose un pacte de cybern-éthique. Je vous propose de mettre à profit la richesse de la pensée Complexe pour adopter, dans vos organisations, une charte d’eco-agilité. Mettons notre entropie au service de la Conscience. Un mot d’ordre ? Soyons Beaux !

L’agilité c’est quoi déjà ?
Ha oui, « de belles choses faites par de belles personnes ».

Merci.

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