Agile Tour Toulouse 2016 : un sortilège gascon qui tient toutes ses promesses
« Il n’y a pas grand mal à faire bâtonner un historion ou un grimaud de lettres dont on n’est pas content, dit le marquis d’un air de parfaite insouciance ; ces espèces ne valent pas les cannes qu’on leur rompt sur le dos ; mais ici le cas est différent. Sous le capitaine Fracasse, qui, du reste, a rossé vos estafiers de la belle manière, il y a le baron de Sigognac, un gentilhomme de vieille roche et de la meilleure noblesse qui soit en Gascogne. » Théophile Gautier – Le Capitaine Fracasse (1863)
Los bons jorns nepòrtan los maissants.
Autant le dire tout de suite, j’ai toujours entretenu un rapport très particulier avec Toulouse. Je la vois comme une cité magnétique, que l’on ne quitte jamais vraiment après l’avoir oncques découverte. Pourquoi ressens-je un tel envoûtement ? D’une part – il est inusuel que je me livre de la sorte – ma famille proche, en l’occurrence mon frère et ma sœur, demeurent de longue date dans la patrie des capitouls que je visite donc souventefois. Mais je suis également fasciné par le nombre de pilotes de Lean – sans aucun mysticisme, alchimistes de l’agilité, ou même spagylistes – qui ont fait de la Belle Rose leur Acropole.
Le soleil est placide ce prime matin de décembre, tandis que je déguste un pain au chocolat une chocolatine en regardant les lambeaux de brume encore cramponnés aux coteaux de Puech-David. Je pense à Frédéric, ce garçon généreux et pétillant que j’ai rencontré à Agile Montpellier l’année dernière (et qui célèbre ce jour son anniversaire). Je pense à Olivier, cet artiste du logiciel qui partage régulièrement son amour du beau code. Je pense à Philippe qui avait animé un atelier théâtre déjanté à Agile Games France. Je pense à Julie, que je n’ai jamais rencontrée mais qui m’a si gentiment écouté et conseillé durant la préparation de cet événement. Je pense également à Alice qui m’a supporté lors d’Agile Grenoble et avec qui nous avons emmené quelques privilégiés de l’autre côté du miroir agile. Seront-ils présents ?
Toulouse s’éveille en même temps que moi et je m’imprègne de ses rimes, la douce quiétude qui monte du Canal comme sur les clichés fugaces de Claude, poète et capitaine, qui est à l’agilité ce que Jacques Prévert est à la littérature française. Je suis parcouru d’un frisson tandis que je foule le parvis de la Grainerie ; c’est un vrai lieu de spectacle, principalement dédié aux arts du cirque. Je vais à nouveau monter sur les planches.
Ma session, le Lab’Oratoire du Dr. Frankenstein, est planifiée à 10h, ce qui me laisse un peu de temps pour me préparer. L’accueil du public est enthousiaste et je reçois nombre d’encouragements chaleureux.
Chauffé à blanc, j’enchaîne naturellement avec une séance de Line Danse for Change, l’atelier chorégraphique et plein d’humour d’Alex dont j’avais eu la primeur lors d’Agile Grenoble Forum.
Après une coupure gastronomique je rejoins la grande salle pour assister à la keynote d’Aurélien qui nous invite à plonger la tête la première dans son univers ébouriffant : saut à l’élastique, agilité, changement, bienveillance, bref un shoot d’Humain majuscule et magistral. J’assiste ensuite à un exposé plus technique d’Antoine Vernois consacré au Clean Code d’Uncle Bob, entendez par là les bonnes pratiques de programmation qu’il est toujours sain de rappeler.
Enfin j’ai le plaisir de voir la désormais célèbre présentation « Scrum mon scrotum » de Claude, dont j’avais déjà parcouru les slides sur son blog. Simplicité, pertinence et beaucoup de second degré ; je prends une grande leçon de charisme que je décide d’aller méditer avec un bon café. Je suis rejoint par Alex avec qui nous devisons un bon moment, histoire de clôturer cette journée intense de la meilleure des façons.
J’aurais aimé prolonger les échanges au repas des organisateurs, mais j’ai déjà pris des engagements familiaux en forme de petit restaurant sur les bords de la Garonne. Parlons-en justement des berges de Garonne ; je suis à quelques jours de la SaintéLyon et l’occasion est belle de faire quelques foulées pour s’ouvrir l’appétit.
J’ai dit !
C’est peut être pour ça, malgré ton rouge et noir,
C’est peut être pour ça qu’on te dit ville rose.